L'acte d'écrire et de décrire.

L'acte d'écrire est un acte intime, fort. Il s'agit de transcrire sur le papier tout ce qui vit, et tout ce qui ne vit pas. Faire siens les personnages, l'un après l'autre ; qu'il soit un tueur, une victime, un petit garçon, ou une chauve-souris anthropomorphe, n'a pas d'importance. Il faut endosser le squelette, puis se glisser dans la chair du personnage à faire bouger.

C'est physique, éprouvant.

Je ne sais pas si votre personnage vit de l'air du temps, mais il ne vit pas suspendu dans les airs comme une marionnette accrochée à un nuage ; quoique l'idée serait intéressante à développer. Aussi il vous faudra l'entourer d'objets, de meubles, de paysages...

Abstract Clouds - Tableau Lore M

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Sans prétention, je vous propose de lire un petit extrait de l'un de mes romans.

Extrait de " L'égarée " de Lore M

" De nuit en nuit elle retarde l'heure où elle se glisse sous les draps frais, où elle découvre une nouvelle ride dans la géographie du plafond de sa chambre. Dans la journée, elle s'occupe à mille taches qui l'empêchent de se voir. De temps à autre pourtant, elle se retrouve vautrée malgré elle dans le vieux fauteuil râpé, ou figée dans la contemplation d'une scène familière accrochée à la fenêtre. Son regard roule alors dans les oranges, le café du marché, les cosmos rouges ou jaunes, ou survole les champs de canne à sucre et de sorgho.

L'ouverture du marché suit de près le lever de l'astre de feu et ne lui laisse guère le temps de baguenauder. Elle se rince le visage à l'eau froide, avale une tasse de café con léché, enfile quelques oripeaux : une longue jupe colorée et un chemisier blanc qui baille et tire vers le gris. Sur son visage famélique, elle se redessine un sourire, étrangle sa parole.

Dans la grande rue, les étals sont déjà dressés. Le temps se met à bourdonner, pendule sa soif. Une très jeune fille coudoie une femme fripée, vêtue chichement, elles emplissent un petit panier d'osier de fruits de nopals. Quelques niños chahutent parmi les agrumes. La lumière danse sur les fruits, les saveurs et les parfums. A cette époque de l'année, c'est l'effervescence. Non que les pesos soient subitement revenus, mais les traditions veillent au grain. Chaque maison, chaque logement édifie son nacimiento, crèche de l'Enfant Jesus. Bibelots hétéroclites, santons de terre cuite, lumières électriques aux couleurs les plus vives. Sur un pan de mur de sa demeure, Sandrita devra condenser tout ce qui recèle le plus d'éclats pour célébrer la Sainte Nativité. Elle voudrait bien s'y soustraire à présent.

Elle s'est arrêtée pensive devant une orchidée. Ce n'est pas tant la fleur qui la fascine, ni la forme torturée de ses pétales. Des images insolentes, corrodées de mémoire, resurgissent dans la foule : ballons éclatés sous les pas qui s'effacent... "

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Tous vos commentaires, observations, questions, sont les bienvenus.

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